sens de marche et PCT partiel

- Dans quel sens et quand effectuer le PCT

- Gestion des guées

- Faire le PCT par sections

 

Dans quel sens et quand effectuer le PCT?

 

Cette question comporte plusieurs variables:

 

1) Si vous comptez parcourir tout le PCT en une saison et dans l'ordre, et à moins de chercher la difficulté, le sens du sud vers le nord s'impose de lui-même. C'est celui que choisissez 90% des marcheurs et il y a de bonnes raisons: vous suivez comme cela la progression de l'été vers le nord et vous minimisez les zones de neige que vous aurez à négocier tout en vous donnant toutes les chances d'arriver au Canada avant que les premières tempêtes de neige dans l'état de Washington ne ferment le chemin; ces tempêtes, qui arrivent le plus souvent vers fin septembre, mais parfois mi-septembre, déposent d'un coup près d'un mètre de neige et rendent en une seule nuit le chemin totalement impraticable dans ces sections très alpines (progression épuisante dans un mètre de neige fraîche, orientation très délicate et surtout énorme danger d'avalanches avec une couverture neigeuse importante et non stabilisée). ATTENTION: les premières neiges dans le Washington représentent un danger mortel, pas seulement une difficulté.

Dans l'autre sens, du Canada vers le Mexique, vous avez d'abord l'impossibilité légale de commencer via le Canada en traversant la frontière (vous devez aller à Harts' Pass, mile 2619, et partir de là soit directement vers le sud, soit en aller-retour jusqu'à la frontière distante de 48 Km au nord), ensuite le départ ne peut se prendre qu’une fois la fonte des neiges dans le Washington bien entamée, c'est à dire vers juillet-août, ce qui vous laisse très peu de temps pour arriver à la Sierra Nevada avant les chutes de neige de fin septembre, début octobre. Enfin, la gestion de l'eau est particulièrement délicate dans la Californie du sud à l'automne.

 

Donc, vous partez vers le nord... mais quand? (partons du principe que vous avez bien géré la demande de permis, voir ici)

 

Partir très tôt, vers la fin mars, début avril, c'est être en tête du peloton, disposer de tout son temps pour gérer les imprévus et les repos, être aussi sûr qu'on peut l'être d'arriver à temps au Canada, bénéficier d'un meilleur accueil par les Trails Angels pas encore saturés par les centaines de marcheurs qui arrivent derrière vous, et pouvoir bénéficier au maximum d'une grande expérience d'autonomie et de solitude... si c'est cela que vous recherchez. C'est aussi maximiser les chances de trouver de la neige dès les Monts San Jacinto, à juste 150 milles du départ et surtout dans la Sierra Nevada après Kennedy Meadows, à 700 miles du Mexique (1.000 km, environ 4-5 semaines de marche). Les San Jacinto se négocient bien même avec un peu de neige, mais la Sierra Nevada, c'est autre chose: s'y engager avec une forte couverture neigeuse est une expérience de montagne qui exige le savoir-faire et le matériel approprié et comporte les risques de la haute montagne hivernale (altitude moyenne de 3.000m, passages de cols entre 3.500 et 4.000m). Ne traitez pas la Sierra Nevada à la légère, en particulier si le temps n'est pas au beau stable: les itinéraires de dégagement sont rares et engagés, les étapes sont longues et la couverture téléphonique est nulle. En dehors des risques physiques, vous transformeriez aussi la plus spectaculaire partie du PCT en parcours du combattant où votre principale obsession serait de terminer l'étape plutôt que de profiter des fabuleux paysages. Vérifier aussi que les points de ravitaillement de VVV et Tuloeme Meadows seront ouverts lors de votre passage.

Par ailleurs, même en laissant la Sierra Nevada pour plus tard comme je l'ai fait, sachez que vous avez beaucoup de chances d'avoir à négocier de longues étapes en neige plus tard: voyez mon journal de marche. Voyez aussi la page sur la gestion de la neige sur le PCT.

 

Partir courant avril, entre le 10 et le 30 environ, c'est d'abord marcher avec le gros de la troupe: rencontres assurées, convivialité, partage, aide éventuelle,  mais aussi désert brulant, bivouacs encombrés, Trails Angels surmenés, ressources en eau sous tension - en particulier les caches d'eau qui deviennent encore plus aléatoires - logements aux points de ravitaillement occupés. Côté neige, c'est un équilibre à trouver entre partir plutôt tôt, trouver un peu de neige, mais avoir du temps pour finir le PCT tranquillement et partir plutôt tard pour trouver moins de neige mais être un peu juste en temps pour finir. Pas de réponse simple: cela dépend de votre vitesse, de vos besoins en jours de repos, et des précipitations de l'année; sur ce dernier point, n'oubliez pas la forte influence du courant océanique "El niño": s'il est présent, il y aura plus de neige. Attention: passer à travers la Sierra Nevada en pleine période de fonte vous expose à trouver des guées très difficiles qui présentent de réels risques avec parfois plus de 1,5m d'eau glacée et rapide à traverser sur 20-30m; ne vous y engagez pas à la légère: ces guées doivent être négociés à plusieurs avec en tête l'idée que vous allez être submergés et qu'il faut être prêt. Voir la discussion infra.

 

Partir tard, vers le début mai, assure presque, en année normale, d'avoir très peu de neige et pas trop de monde, mais force à aller vite pour arriver à temps au Canada et ne vous laisse que peu ou pas de marge de sécurité pour les imprévus, une arrivée précoce de la neige dans le Washington ou pour un repos qui s'impose. A n'entreprendre à mon avis que si vous ne faites pas une fixation sur un parcours du PCT entier en une seule saison ou si vous êtes déjà un marcheur rapide, endurant et testé sur de longues distances. A titre de comparaison, j'ai effectué 134 jours de marche effective à 30km/jour de moyenne et utilisé 27 jours en repos et transit entre les sections, soit 161 jours au total: en éliminant les transits et réduisant les repos à 14 jours = et il me semble très aléatoire de programmer moins = cela donne 148 jours au total, soit pour une arrivée vers le 25 septembre, un départ le 1er mai. Encore une fois, n'oubliez pas qu'il ne s'agit pas de savoir sui vous pouvez marcher 30Km en une journée, mais si vous pouvez le faire durant cinq mois avec un jour d'arrêt complet tout les 10 jours. Ceci étant dit, si j'avais à le refaire avec ce que je sais maintenant, c'est sans doute cette option là que je choisirais.

Les guées

Tôt en saison, les guées gonflés par la fonte des neiges peuvent présenter de très réels dangers.

Comment apprécier le danger?

- si l'eau dépasse les genoux, le risque existe.

- si l'eau arrive à la taille, le danger est réel. Avec un courant fort, le risque l'est aussi.

- si l'eau dépasse la taille, un courant même faible présente un gros risque.

- la température est aussi un facteur: dans de l'eau de fonte très froide et avec de l'eau au-dessus de la taille en particulier, vous perdez rapidement sensations, coordination et motricité. En cas de submersion, le risque de noyade est fort. Le risque lié au froid est fonction du temps que vous passez dans l'eau: plus le guée est long, plus le risque est grand.

 

Comment traverser un guée dangereux ?

 

Commencez par apprécier le niveau des quatre facteurs de risques: profondeur, courant, température et profil du cours d'eau en aval. Vous devez vous poser deux questions: quelle technique vais-je employer? comment préparer un accident?

 

techniques à employer.

1) un guée, même facile, doit se traverser en disposant de quatre points d'appuis: les deux jambes et soit deux bâtons, soit les deux mains accrochées aux bras d'un autre marcheur. (la corde comme aide au passage n'est pas discutée car peu utilisable en pratique). Un seul point d'appui se déplace à la fois, que cela soit les deux jambes et deux bâtons, ou les quatre jambes des deux marcheurs. Si le courant est fort, traversez face au courant. Si vous êtes deux, parlez-vous: "je bouge, à toi..."

2) examinez bien le courant, décidez à l'avance du tracé de la traversée en fonction des rochers. N'hésitez pas à prendre le temps de remonter ou descendre un peu le cours d'eau pour trouver un meilleur passage ou un tronc d'arbre en travers pour passer dessus ou derrière (JAMAIS devant). Il est toujours plus facile de passer sur un haut fond, plus large mais moins profond. Sachez que les cours d'eau alimentés de pas très loin par la fonte ont un niveau qui varie beaucoup en fonction de l'heure et sont au plus bas tôt le matin, lorsque la nuit a ralenti la fonte: éventuellement, campez sur place et attendez le lendemain matin.

3) si le guée est trop profond pour garder le sac sur le dos, protégez aussi bien que possible le contenu contre l'eau (sac poubelle bien fermée!) et ficelez le sac à votre matelas gonflable (mieux) ou de mousse (bof) afin de le laisser flotter et soit le pousser devant vous s'il n'y a pas de courant, soit le tirer derrière vous avec une cordelette pour garder les mains libres s'il y a du courant (mais dans ce dernier cas, vérifiez bien qu'il ne risque pas de se prendre dans des rochers et vous bloquer).

4) gestion du froid dans un guée profond: il faut tenter de garder la même couche d'eau près du corps pour minimiser les pertes calorifiques. Pour cela, préférez une couche fine plus une couche coupe-vent ou imperméable proche du corps ( pantalon et veste, surtout pas une cape de pluie). Pensez que vous aurez besoin de vêtements sec et chaud de l'autre côté.

 

Préparer un accident.

Dès qu'un guée dépasse vos genoux, l'accident, c'est à dire la chute, doit être envisagé.

En cas de chute les risques sont:

- de s'affoler

- d'être entrainé dans une partie plus profonde/rapide/verticale.

- d'être bloqué par le courant contre un rocher ou un autre obstacle (arbre abattu).

- d'être empêtré avec le sac à dos au point de ne plus pouvoir se redresser.

- d'être très rapidement affaibli par le froid au point de se noyer.

Ces risques sont très réels. En fait, les guées sont les seules parties du PCT qui présentent un risque objectif non négligeable. Pour les minimiser, voici quelques pistes:

- imaginez-vous la chute et ce qui va alors se passer: regardez bien où le courant peut vous emporter et choisissez le point de passage en fonction de cela, même s'il est un peu moins bon qu'un autre. Prévoyez où vous pourrez aborder en aval.

- ne traversez pas un guée exposé juste au-dessus d'un point dangereux (rapide, chute d'eau, troncs couchés).

- Votre vie vaut plus que votre sac: décrochez la ceinture, relâchez les bretelles et n'hésitez pas une seconde à l'abandonner si vous chutez dans plus que 50cm d'eau rapide.

- si c'est possible, utilisez une cordelette (ou plusieurs attachées ensemble) comme ancrage de sécurité. Il ne s'agit pas de se tracter dessus (il faudrait pour cela pouvoir l'attacher aux deux rives avec une très forte tension) mais plutôt de la fixer un peu en amont à l'un des bords de façon faire un mouvement pendulaire qui vous ramènera près d'un bord en cas de chute. Dans ce cas, attachez le bout de la cordelette à votre sac à dos (il ne sera pas perdu) et faites un nœud pour constituer une boucle lâche à utiliser comme dragonne (ne vous attachez pas à la cordelette, il peut être nécessaire de l'abandonner). Le premier passe avec la corde attachée à la rive de départ, puis l'attache à la rive d'arrivée pour les suivants (si vous êtes plus de deux, jetez le bout de la corde attaché à une pierre pour les suivants). Si vous utilisez ce système, la première chose à faire en cas de chute et d’abandonner le sac à dos qui vous suivra au bout de la corde.

- La première urgence en cas de chute dans de l'eau glacée est d'en sortir! relevez-vous dès que possible, n'attendez pas, bougez.

- si le courant vous entraine dans des rapides, placez-vous sur le dos, les pieds en avant pour négocier les rochers.

 

 

Faire le PCT section par section

Évidemment, tout le monde rêve de faire la totalité du PCT d'un seul coup. Mais tous n'ont pas la condition physique ou le temps et parcourir le PCT en plusieurs fois offre d'énormes avantages:

  • vous pouvez y aller dès que vous avez trois semaines.
  • plus de gestion du visa (obtenu directement à l'aéroport pour moins de trois mois) et des assurances (vos assurances recherche, rapatriement, santé et voyage habituelles sont presque toutes valables pour moins de trois mois, mais vérifiez tout de même soigneusement).
  • la gestion de l'effort et de l'usure physique et mentale ne se pose plus en termes nouveaux.
  • Votre matériel habituel fera l'affaire (mais pensez tout de même à l'ultra léger, c'est tellement agréable).
  • vous pouvez choisir les sections à faire et le sens uniquement en fonction de vos envies et de la météo, et cela presque au dernier moment. Attention: le John Muir Trail dans le Yosemite  exige un permis très recherché soumis à quotas (plus de 3.500 marcheurs par an!); la demande de permis est ouverte 168 jours avant la date de départ; là aussi, comme pour le PCT, il faut se précipiter et demander le permis dès l'ouverture sur ce site en anglais avec ce formulaire à renvoyer de préférence par fax au +1 209 372-0739 (instructions détaillées en anglais ici) ou par e-mail en fonction du point de départ; l'affluence aux différents points de départ est indiquée ici. Les demandes pour le Mont Whitney sont sélectionnées par tirage au sort.
  • Comment choisir? Allez regarder les photos sur le PCTA, rêvez, consultez la météo, partez.
  • Pour mémoire: si vous prévoyez plus de 500 miles (750km), demandez un permis via le PCT, sinon, vous devez vous débrouiller seul avec les permis individuels des parcs; en pratique, aucun problème sauf pour le Yosemite.