Alimentation, carburant et eau
Comme la feuille de route l'indique, l'autonomie nécessaire varie de 2 à 6 jours. Le parcours étant susceptible de provoquer des retards, il est aussi prudent de prévoir un petit quelque chose en plus du minimum (bien qu'on puisse parfaitement marcher quelques jours sans manger à condition d'avoir de l'eau).
J'ai de la chance, je mange presque n'importe quoi et je n'ai pas besoin de variété. Sur la base de ma consommation durant le PCT, j'avais prévu le régime de gauche. La chaleur m'a forcé à adapter un peu: le fromage ne supportait pas les températures de 40° et j'ai rapidement été écœuré du Nutella, trop sucré à mon goût et que j'ai remplacé par des biscuits. Quant au fromage, j'ai l'ai substitué par environ 6 centilitres d'huile d'olive dans mon repas du soir, sans aucun problème de digestion.
Prévu car consommé sur le PCT:
matin: thé, biscuits et nutella.
vers midi: cacahouètes et fromage
toute la journée: 5 barres de céréales
le soir: cacahouètes, fromage et un plat chaud (semoule, purée, nouilles chinoises ou plat lyophilisé avec pâtes selon les occasions)
au coucher: bombons
poids par jour : 740 gr. pour 3.670 calories
Consommé réellement compte tenu de la chaleur:
matin: thé (eau sur la 2ème partie), et biscuits
vers midi: cacahouètes et barre aux céréales
toute la journée: 4 à 5 barres de céréales
le soir: cacahouètes et un plat chaud (semoule, purée, nouilles chinoises ou plat lyophilisé selon les occasions) avec environ 6 cl d’huile d'olive.
poids par jour : 685 gr pour 3.636 calories
Inutile de dire qu'aux étapes, c'est la grande bouffe (modèle USA: burger, pizza et mexicain). J'ai tout de même perdu 4kg en deux mois.
Voici le tableau avec les poids et les calories correspondantes:
Honnêtement, je ne conseille à personne d'adopter ce régime sans l'essayer: l'ami qui est venu marcher avec moi trois semaines sur le PCT a eu du mal à s'en remettre! Mais vous pouvez utiliser la feuille Excel ci-dessous pour adapter cette alimentation à vos besoins.
Pour la deuxième moitié du CDT, à partir de juin 2019, j'ai pris la même chose que pour le première partie, mais FROID. En effet, j'ai choisi de m'alléger encore un peu en ne prenant pas de réchaud. Je le remplace par une gamelle étanche étanche de 0,6 litres qui me permet de réhydrater à froid les aliments: ça marche bien avec les repas lyophilisés, les pâtes et la purée, il faut juste penser à les mettre dans l'eau environ 2 heures avant de manger. A l'usage, je me suis très bien habitué à manger froid.
Afin de me simplifier la vie en matière de cuisine et de vaisselle, la popote ne sert, avec réchaud, qu'à chauffer de l'eau et je réhydrate les soupes, purées, semoules ou lyophilisés qui n'ont pas besoin de vrai cuisson dans un sac de congélation étanche qui me sert de plat et dont je bois l'eau de rinçage. En mode froid, je mange dans la gamelle où j'ai réhydraté le dîner, je la rince à l'eau que je bois (pas d'odeurs de bouffe près de la tente) et ne la lave qu'aux étapes de ravitaillement.
Le choix dans les magasins américains est assez différent de ce que nous trouvons en France: peu ou pas de charcuterie, quelques fromages industriels sans goût, pas souvent de la semoule, du mauvais pain. Par contre il y a un grand choix de barres de céréales: on notera spécialement les Nature Valley assez bon marché et les Kind, meilleures mais nettement plus chères. Les nouilles chinoises sont faciles à trouver, ainsi que les très bonnes purées de pommes de terres avec assaisonnement de l'Idaho. Les Américains sont grands fans de tortillas avec du beurre de cacahouètes.
Je vous conseille vivement la lecture de deux articles sur l'alimentation durant une longue marche, l'un en Français venant de Carnets d'Aventure, l'autre d'une diététicienne américaine:
Dans les deux cas, la conclusion est que, sur des efforts de longue durée et de -relativement- basse intensité, on a intérêt à privilégier une alimentation riche en lipides et en sucres lents, pauvre en protéines animales que l'on remplacera par des protéines végétales, sans oublier des compléments de vitamines, du sel en zone désertique... et des petits suppléments pour se faire plaisir (ça, c'est de moi).
Comme le plan de marche l'indique, certaines étapes n'ont pas de magasins suffisamment bien achalandés et il vaut mieux s'envoyer des paquets en poste restante (attention aux heures d'ouverture restreintes de la poste: préférez les magasins ou hôtels qui acceptent les paquets).
Les lyophilisés (les Mountain House sont pas mal mais comme tous les lyo, ils sont trop justes en quantité: prévoyez un paquet de deux portions pour vous tout seul ), ne se trouvent que rarement dans les grandes surfaces mais plutôt dans certains magasins de sports (REI, la grande chaine américaine de sport, peut envoyer des commandes à l'adresse que vous lui donnez; il faut mieux s'inscrire préalablement dans n'importe quel magasin). Comme on n'a pas envie de faire des calculs les jours de repos, j'ai établi un petit tableau qui donne, en fonction de l'étape et des choix de bouffe, les quantités à acheter. Bien sûr, cela ne correspondra que rarement à la quantité vendue: à vous de voir si vous portez plus ou si vous vous en débarrassez, si possible dans une "Hiker book" ou boite d'échanges gratuits destinées aux marcheurs, quand vous en trouvez.
Il faut naturellement reconditionner presque tout. Ma solution préférée est d'utiliser des ziplocks, ou sacs de congélation, de bonne qualité, le tout dans un sac à bouffe que j'ai cousu en cuben épais et qui me sert aussi à suspendre mes provisions la nuits dans les régions à ours (ne pas oublier 30m de cordelette pour le faire). S'il vous plaît, ne négligez pas de toujours suspendre tout ce qui sent la nuit: nourriture, articles de toilette, sac poubelle... les ours ont un odorat fabuleux et un ours qui a goûté à la nourriture humaine est un ours mort car il cherchera de plus en plus à renouveler le festin et finira par devenir trop entreprenant et donc par être abattu.
Pour les envois, préférez les boites pre-payées de la poste américaine, sauf si l'établissement où vous l'envoyez précise UPS ou FEDEX exclusivement: dans ce cas, il vous faudra trouver le bureau correspondant sur le net mais il n'y en a pas partout. Indiquez bien votre nom, "CDT Hiker" et la date probable d'arrivée sous la forme "ETA mois/jour/année". (attention, les Américains mettent toujours le mois AVANT la date du jour). Les adresses et heures d'ouvertures se trouvent dans le Yogi's Guide du CDT dont le principal avantage est de donner un plan et la liste des ressources avec adresses de toutes les villes et lieux de ravitaillement possibles. Elle vend aussi des fiches avec ces mêmes renseignements, mais bon, c'est lourd les fiches plastifiées.
Pour ceux qui voudraient adapter ces tableaux à leurs besoins, vous en trouverez la version Excel ci-contre.
Les Américains son accros au carburants liquides (alcool à brûler ou antigel HEET) et je ne comprends pas pourquoi: il est certes vrai que cela permet d'être plus léger sur des petites durées comme le montre le tableau suivant:
mais cette économie est faussée par la différence entre les conditions de mesure et l'utilisation réelle. En effet les mesures sont faites à 20° sans vent alors que dans la réalité, l'air sera plus froid et surtout il y aura un peu, beaucoup ou énormément de vent. Or, l'alcool est beaucoup plus sensible que le gaz à ces mauvaises conditions et la quantité nécessaire pour faire bouillir un litre augmente alors en flèche car il est exclu de faire fonctionner un réchaud à alcool à l'intérieur d'une tente, alors qu'avec un peu de précautions, on peu tout à fait faire fonctionner un réchaud à gaz à abri du vent dans la tente: je l'ai fait assez souvent sans accident pour en témoigner.
De plus, l'alcool ne permet pas de régler la flamme ni d'en rajouter en cours d'utilisation et il est plus lent et plus dangereux en cas de faux mouvement à proximité de la tente. Pour finir, en cas de fuite dans le sac, bonjour l'odeur.
Bref, son seul avantage est d'être facilement disponible aux USA et un peu plus léger sur sur des périodes allant de 1 à 3 jours et de 5 à 7 jours. A mon sens, ce n'est pas assez pour se priver de la facilité d'emploi du gaz.... sauf qu'aux USA, les cartouches (toujours à pas de vis) sont nettement plus difficiles à trouver qu'en France: c'est pour ça que le tableau de marche indique les endroit où ces cartouches devraient être disponibles. Comme chez nous, il est très compliqué de s'en faire envoyer par la poste.
En cas de pénurie de gaz à un ravitaillement, on pourra toujours se fabriquer un réchaud à alcool dans une cannette de soda et trouver un bout d'alu pour faire pare-vent.
Je n'ai pas fait figurer l'esbit, ou alcool solidifié, car, s'il est le plus léger de toutes les solutions, il est trop lent pour autre chose que réchauffer une tasse d'eau.
Les réchauds
L'offre est pléthorique et, dans l'ensemble, ils sont bons. Je préfère ceux sans piezo (moins d'occasions de panne) et dont les articulations des supports de casserole ne chauffent pas trop (cela les grippe). Il faut aussi vérifier que la forme de la flamme est compatible avec la taille de la popote: par exemple l'Optimus crux ou le MSR superfly, avec des bruleurs larges aux orifices orientés vers l'extérieur, conviennent mieux à des popotes larges et le MSR pocket rocket à des popotes étroites (vers 10-11cm de diamètre). N'oubliez pas de prendre un joint torique de la bonne taille de rechange: s'il se déchire, le réchaud est inutilisable.
Évidemment, sur un parcours qui se déroule dans le désert et sur une ligne de partage des eaux, les approvisionnements en eau sont rares et souvent de mauvaise qualité. Les cartes misent en ligne par Bear Creek, le CDTC et Jonathan Ley (voir la section "navigation") indiquent toutes l'ensemble des points d'eau potentiels, mais les informations disponibles lorsque l'on regarde le détail des points d'intérêts ne sont pas toujours fiables et il convient d'une part d'être très, très TRÈS méfiant et d'autre part, dans toute la mesure du possible, d'actualiser ces renseignements lorsqu'on trouve du réseau (l'application Guthook s'actualise automatiquement s'il y a du réseau: consulter les commentaires complets des points d'eau en cliquant dessus).
Le CDTC publie un rapport sur les points d'eau : CDT Water Report qui reprend les commentaires de l'appli Guthook.
Il faut donc être à même de transporter une grosse quantité d'eau, je dirai jusqu'à 6-7 litres dans le désert, en à ajustant évidemment en fonction des étapes: dans de nombreuses section, l'eau abonde et vous pouvez, avec un filtre, ne porter que quelques grammes. Évitez de prendre une seule grosse poche: en cas de fuite, vous seriez en danger. Faites le plein et buvez à chaque occasion, la prochain point d'eau peut être à sec.
Par ailleurs cette eau est parfois de très mauvaise qualité car stagnante ou polluée par les vaches... mais il n'y a que ça, alors il faut bien la boire. Ma réponse:
Ne campez pas à proximité immédiate d'un point d'eau: d'une part vous risquez de la polluer mais surtout vous pouvez être dérangé la nuit par les animaux qui viennent boire: il n'y a pas que vous qui ayez des problèmes de soif.