APPALACHIAN TRAIL
journal de marche - juin
Les photos s’agrandissent d'un clic
1er Juin
J'ai 70 ans ! Petit dej de luxe dans un hôtel du parc. Beaucoup de promeneurs aujourd'hui. Un volontaire tond les abords du sentier : je m'étonne, mais c'est pour nous éviter les tiques. Encore des restos à portée de pied, si ça continue, je vais vraiment grossir. Le lendemain, stop pour Font Royal où je prend un zéro et récupère les nouveaux sac à dos et sac de couchage. C'est la première fois que je change ainsi de matériel en cours de marche, mais je suis passé de l'hiver à l'été et parti avec un vieux sac à dos.
Halleluia ! mon nouveau sac avec les armatures d'origine est parfait. Le 4 juin, il fait chaud et lourd, je transpire comme un bœuf. Des arbres de 50 mètres me dominent. Pluie le soir.
5 juin
Journée éprouvante de montagnes russes, avec un chemin pierreux et lent. Je me rince dans tous les torrents (oups, il y avait un couple plus loin...). Fatigue et peau irritée, je vais descendre pour un lit et une douche. Ambiance sympa et grosse pluie le soir : j'ai bien fait.
6 juin
Harpers' Ferry est une usine à touristes sans intérêt autre que le bureau de l'AT à mi-parcours (mile 1029). Je suis le 476 ème à passer : pas mal pour un départ avec le numéro 2149. Il fait 30°.
Ravito pauvre et cher à Harpers' Ferry, j'aurais dû attendre. Trop chaud pour aller loin : je me pose au Cross Trail Hostel après seulement 15 ml dans la journée et vais m'offrir une glace à la station-service du coin qui est mieux achalandée que le village.
Il pleut tout de même assez souvent dans l'Est américain. L'AT monte et descend sans arrêt. Le chemin est désormais souvent très pierreux, lent, exaspérant. Assez rarement, une journée ou deux plus faciles relancent la machine. Je suis dans un immense tunnel vert qui n'offre que de rares vues peu remarquables. La forêt est certes magnifique, mais 2.000 Km de forêt, c'est monotone, très monotone.
8 juin,
Au 2 ème mois, j'ai fais 1.570 km : je suis encore bien dans mon plan de marche.
11 juin
Je traverse une large vallée peuplée. Deux TA rendent la journée plus souriante que les avertissements postés à l'entrée de certaines propriétés.
Difficile de décrire le plaisir qu'on éprouve à trouver un Trail Angel ; quoi qu'il offre, c'est à vous réconcilier avec le genre humain... enfin, avec le genre américain, parce qu'en France, j'en ai rarement rencontré.
13 juin
Arrêt au très sympathique Outdoorsy Hostel après que l'hôtel local m'ait sèchement refusé : tant mieux. La patronne m'emmène en voiture au supermarché situé à 2 km, l'église locale offre un dîner aux marcheurs, le bistro d'en face fait de magnifiques pancakes... Le village fait honneur aux vétérans dont les portraits ornent tous les réverbères.
L'AT, c'est ça : beaucoup de rochers, de racines, parfois des marques qu'il faut chercher et des passages de semi-escalade mais aussi de temps en temps un joli sentier facile sous les frondaisons.
J'ai vu un ours, mais il a filé trop vite pour la photo. Ce sera le seul. Les castors s'en, donnent à cœur joie mais il faut alors faire attention à l'eau : ces charmantes petites bêtes sont le vecteur de l'ambliase un parasite intestinal proche de l'amibe). D'ailleurs, j'ai attrapé des vers intestinaux ; pas grave, mais énervant. Je consulte (200$) et sort avec une ordonnance pour un traitement à 1.600$ ! Pour de simples vers !! Pas pris, évidemment.
Le chemin ? cherchez le trait vertical blanc ! Un marcheur les a comptés : il y en aurait plus de 80.000 : il est vrai que l'on doit rarement sortir la carte et qu'à de rares exceptions près, le balisage est bien fait.
19 juin,
Il fait chaud, chaud chaud, trop chaud, trop humide, c'est proprement insupportable : je vais attendre que cela passe à Stroudsburg.
Je ne suis reparti que le 24 juin, reposé et plus au frais, mais dès le 25, il fait 30° et le chemin fait des sauts brutaux de crête en crête, avec de la grimpette en prime. L'eau est un problème : je marche jusqu'à 17 h pour seulement 30 km, à la limite du malaise.
26 juin
32° mais la pluie de la nuit a rafraîchi l'air. Je vais rajouter un tendeur au centre de la tente entre tapis de sol et toit car des gouttes s'infiltrent.
Beaucoup de murs datant de la guerre civile par ici. Les nombreuses zones humides sont, heureusement, toujours pourvues de passerelles en bois, parfois de simples troncs. Il arrive cependant que l'eau ait fait son œuvre et qu'il faille faire de l'équilibre et des sauts entre les bois pourris.
28 juin,
Journée de rêve avec 40 km de pur plaisir. Je suis désormais en "tenue d'été" tous les jours. Il pleut souvent en fin de journée.